Balade en chansons  

"Se saisir du monde à partir de son lieu de vie...! Oui, mais ça dépend de ce que tu vois de ta fenêtre ! Est ce qu'on choisit sa fenêtre ? Je pense Toulon parce que j'habite en face, j'ai grandi avec la barre du Faron dans les yeux ; et j'ai la Rade parce que j'habite au bord. J'aime ce territoire : sa beauté (sa géographie) et je voudrais aimer davantage son caractère (sa culture littorale méditerranéenne), malgré la densification urbaine , la pollution et les choix de politique culturelle ! Car ce n'est pas parce que le territoire est beau que la vie est bonne ! Que la lumière embellissante ne nous fasse pas oublier notre devoir de citoyenneté ! Notre Cité s'est constituée autour de la Rade, voilà pourquoi

je suis un Larade !"

Toulon au pied du Faron


Après la chanson Toulon, concept poétique et culturel,
la chanson La Sagno de Mar (La Seyne sur Mer) est à la fois un cri d’indignation et à la fois une volonté de tourner la page des Chantiers Navals, en constroyant une dynamique pluriculturelle. C’est la ville où je suis né et où je travaille comme développeur culturel et animateur artistique; je suis fier de ce travail qui correspond bien à ma vocation. C’est à l’endroit où l’on habite que l’on fait l’expérience de la liberté. L’endroit, ville ou village, devient alors le territoire, le théâtre d’un combat pour y agir juste et y vivre libre. Mon grand père paternel avait été contraint à l’exil, menacé de mort par des fascites en Italie; à La Seyne, il milita au Parti Communiste. Quelques années après sa mort, je faisais l’expérience d'un stalinisme local dont je qualifie les représentants de fascistes de gauche puisqu’ils ont attenté à ma dignité et entravé ma libérance pour la seule et mauvaise raison que j’exprime une autre opinion que la leur sur la démocratie.


Toulon en 1789


Sous la barre du Faron,
les toits de La Seyne sur Mer
...


Lorsque Claude Sicre, des Fabulous Troubadours, sort sa chanson “Ma Ville est un Parc”, au sens de ville attractive qu’il positive volontairement (il s’agit de Toulouse), il se trouve que toutes les actions, tous les projets que je déploie dans ma ville (La Seyne), sont baffoués. Je suis personna non grata parce que je n’appartiens pas aux clans-camps politiques dominants, ni de drauche ni de guoitre, qui se livrent une guerre froide ridicule, désuète et dévastatrice. Ma ville ne pouvant pas être la "ville attractive" qu'appelle Sicre de son chant, celle dont j’ai besoin pour m’épanouïr comme artiste et citoyen, je décide alors de témoigner de l’empêchement dont je fais l’objet. Sicre a raison, je partage et j'agis dans la même perspective; reste que pour moi, ma ville est un Camp, au sens de zone d’Enfermement de laquelle il convient de se libérer. (On peut lire Ma ville est un Camp).



Alors j'ai fait une Vague ... Et un Journal...

Selmo et Richino mes deux grands pères


Je suis issu de deux familles originaires de Toscane. L’une de métayers depuis plusieurs générations jusqu’à ce que mon grand père paternel (Selmo) mute ouvrier à La Seyne; il est venu pour travailler aux Chantiers Navals dans les années 1920. Un jour qu’il vit le film de Charlie Chaplin, “Les Temps Modernes”, quand Charlot visse des boulons à la chaîne, il a dit en riant : jè faisais la mêmè connèrillè!






Au pied des montagnes, blanches de marbre, la ville de Carrarra
Tiens encore une barre qui fait frontière
entre terre et mer,
entre le Littoral, la plaine de Luni et le Pays, la Toscane du Nord, la Lunigiana!



Je chante avec Nella, ma grand mère

Mon arrière grand père maternel (le père de Richino) est venu bien plus tôt à La Seyne; c’était dans la première vague migratoire des années 1890. Il s’employa en plus de son travail aux Chantiers, à faciliter l’intégration de ses compratriotes nouveaux arrivants, pour leur embauche et leur naturalisation.

 


Manger, Boire et Chanter...




J’ai gardé en mémoire, l’image d’un film en noir et blanc qui illustre l’arrivée des italiens, dans ces années de migration; des piémontais, je crois, parce qu'ils arrivaient par les montagnes; ils chantaient sur des charrettes, une ritournelle (stornella) qui a inspiré l’air de ma chanson. Pour ce qui est du texte , je mélange le Français et l’Italien. J’ai choisi d’employer le nom de la ville en occitan parce qu’il sonne plus près de ma langue d’origine. (Allez, on lit La Sagno de Mar)



De l'autre côté du marbre, le Pays, la Lunigiana

 

 

 

Franché à la chitarra

Santo Mandreano vu de son point culminant

Par amour, je suis allé habiter sur l’île, la presqu’île de Saint Mandrier. Je dis l’île parce que ce fut jadis un petit archipel de trois îlots rapprochés. Et Saint Mandrier, c’était un homme, un saxon dénommé Flavian; il appartenait à une armée d’envahisseurs, défaite par Saint Cyprien , un chef chrétien. Un temps prisonnier, ce gradé de l'armée d'Amalaric avait fini par accepter la mission : civiliser ce bout de terre, en protégeant les habitants et passer d'une vie d'anachorète à une vie en enclos avec un verger (en grec ; mandriano qui a donné le même mot en italien, pour désigner un éleveur de gros bétail); ça se passait au Vè siècle après JC.


La Place de Santo Mandreano


C’est sur l’île que j’ai ressenti l’exotisme d’un port caché. Il me rappelait Puerto Escondido ("petit port caché” en espagnol), un petit village de la côte ouest du Mexique où j’ai séjourné ; avec sa grande place du marché en terre battue jouxtant sa petite mairie aux allures coloniales et son église avec son clochet néo-gênois tout comme les maisonnettes qui bordent ses quais. En latinisant son nom, je l’éloigne de mon réel pour mieux en faire ressortir et ressentir l’exotisme que j'élève comme un bouclier poétique contre la bétonnite immobilière engagée par le maire. (on lit Santo Mandreano).

 

 

Bord de mer encore paysagé à Santo Mandreano

 

 




Des Tours , la nuit...



Avant d’être locataire dans l’île, j’étais locataire dans les HLM des quartiers nords de La Seyne et je me déplaçais en moto ou en auto d’un point à l’autre, en diagonale dans ma ville, des quartiers nords à la presqu'île; j’allais retrouver mon amour. C’est ainsi que j’ai compris que la ville ouvrière était composée de deux hémisphères d’un même cerveau: d’un côté, l’activité humaine, le travail, la construction navale et de l’autre, l’imaginaire, le Cap Sicié, la Méditerranée. C’est la chanson Hôtel Lamy qui livre cette vision autour du rite des lancements de bateaux; rite qui constitue un trait culturel seynois et en même temps le trait d’union entre les deux hémisphères. D’un côté, on lance les bateaux construits, de l’autre on va les voir s’éloigner vers la ligne d’horizon (lire, écouter et voir le poèmim Hôtel Lamy).

 

Balcon au ciel.., J'habitais là , au troisième..
dans les Quartiers Nords

 

 


Magnifique Hôtel Lamy



Dans les moments difficiles rencontrés dans ma ville pour y constroyer une vie artistique, culturelle et citoyenne dynamique, je me console en trouvant des fondamentaux poétiques qui me permettent de résister. Et je trouve que la résistance est envisageable toute une vie durant quand elle donne du sens à une posture de poète ou plus généralement d'artiste; une posture depuis laquelle on fait de sa relation à un problème ensoi ou à un empêchement ensemble, un objet, un art. Et si l'on tape juste, alors il y a libérance et processus.


Couché entre les Deux Rochers






"long, ça fait long...






La notion de combat s’apparente à la notion de temps long. Ces deux notions produisent l'équation de la transformation lente et synchrone du principe constroy de l’Ensoi et de l’Ensemble. Comme un être humain se transforme vers son accomplissement, un système d’organisation humaine se transforme également, mais dans un temps encore plus long, à coups d’événements rendus possibles par des actes justes posés par un individu ou un groupe, contribuant ainsi à un moment donné de l’Histoire, à son harmonie. Parfois dans l’attente de ces actes justes, le temps peut nous apparaître très, voire trop, long. (on peut lire et écouter la chanson emblématique de cette idée : Constroy et également lire La Ballade d'Aeioyu, du nom du premier homme mort en marchant, avant même de voir la mer vers laquelle il guida sa tribu)
.

 


...à longer les dents de scie..!"

Pistil Painting Baie

Je puise alors dans le rapport sensuel que j’éprouve pour la beauté du territoire dans lequel je vis. Mon territoire devient alors le théâtre de mon combat; j’y réalise une série de chansons imprégnées de ce ressort narratif qui allie l’élément “combat ou guerrier” à celui de “territoire ou théâtre”. (on peut lire Var Ouest, Un Homme Bleu, À Tamaris, Pistil Baie, et dans Ramamoureux
, l'énergie du désir qui anime, fait agir, découvrir, marcher, ramer, voler, nager, courir, c'est la même énergie qui nous fait devenir amoureux). Et dans la châleur de nos étés chaotiques faisant loi en notre littoralité méditerranéenne, j'ai senti mentalement ce que pouvait être l'éternité dans le "On ne mourra jamais" final (lire Le Chant des Cigales), thème qui revient dans (lire Santo Mandreano )"Chaque été c'est l'éternité et l'éternité c'est l'été".



Lumière en Baie

 

Soleil en main


Dans d’autres chansons, je constate que j’allie l’élément “territoire” à celui de “l’amour” (on peut lire La Fille du Cap Sicié, Les Amants du Faron, Around the Rade again). Dans d'autres chansons, que l’on peut classer dans cette catégorie, le territoire devient une terre imaginée (on peut lire Henene Khol qui signifie “les yeux noirs” en arabe) ou encore, ce même territoire devient l’un ou l’autre de nos deux astres essentiels (on peut lire Soleil, Lune), jusqu’à devenir même, un entre Mer-Terre et Air (on peut lire Les Yeux Secs ). Et de longue, l'amour y est plus ou moins fortement érotisé, jusqu'à cette chanson où le territoire devient lui-même objet d'érotisation (écouter Le Nageur de Pistil Baie).

"On a le Label, le Drapeau qui claque au Vent!"

Ensuite il y a des chansons qui parlent du Constroy Mouvement, de la 7ème Vague ou du Café Théâtre; autant d’outils structurels que j’ai constroyé avec d’autres artistes locaux. La notion de “constroy mouvement” vient alors se substituer à l’élémént “combat”. Le Constroy Mouvement, c’est tout à la fois l’enjeu et la solution du combat; c’est mon chemin, c’est ma voie et c’est ma voix puisque je le chante. Parmi ces chansons à deux éléments “territoire-constroy mouvement” (on peut lire Rue Berny, La Vague à danser). Il y a même une chanson qui mêle les trois éléments “territoire-constroy mouvement-amour” (on peut lire Printemps 99).

Tournage du Poèmim "Hôtel Lamy"


Je constate aussi que j’ai composé des chansons à caractère tribal dont l’élément narratif est la représentation de notre culture littorale. Ces chansons sont destinées à être chantées par tous ceux qui en partagent le sens. Elles pourraient être classées dans “les territoriales” mais j’en fais une catégorie à part que j’appelle “les tribales” (on peut lire On a la Rade, Le Gobi Bleu, Des 4 Rivages, Séquoïa, lire et écouter La Bralhamba qui débute par ce clin d'oeil à l'horrible événement du 11 septembre 2001 et à sa retransmission télévisée en boucle "Avant que de nous prendre un avion dans l'oeil"), et enfin la chanson Ma Marseillaise qui répond aux émeutes des Grands Quartiers
à partir de l'iconographie révolutionnaire française : une femme au sein nu, une Louise Michel marseillaise ; un visage réactualisant la République (lire et écouter Ma Marseillaise)


 

Conférence de Presse avec porte-voix !

La notion de combat que l’on retrouve dans bon nombre de mes chansons met en scène des ennemis suggérés sous la dénomination de blattes, conos, salauds, mafieux ou autres pébrons jusqu’à pires (se reporter à la Partie “Les Critures” de ce Site, au chapitre Lexico’Constroy). Si j’en appelle au Mouvement, à la Tribu artistique, culturelle et citoyenne, je ne privilégie pas pour autant un combat d’ordre idéologique mais davantage un combat théâtral et poétique. Il s’agit bien de lutter sérieusement contre le clientélisme, l’injustice, l’empêchement, les murs rendant difficile un état de libérance où chacun peut s’épanouïr, s’il le désire, en produisant du sens dans l’intérêt général, dans le respect de l’autre et dans la préservation de sa propre dignité. Celui ou celle qui ne respecte pas ce processus constroy, et qui l’entrave sciemment pour ne servir que son intérêt personnel, celui-là doit être mis à la lumière du soleil et en cas de légitime défense, il doit être combattu tronchon tronchon, à coup d’arguments artistiques, culturels et citoyens. Pour expliquer la permanence de ce duel contre la Blatte Humaine, je me suis appuyé sur la fable africaine du lion et du scorpion.
(on peut lire et écouter Le Lion ).

 
Plan Baie

Mes chansons sont des ballades littorales. Elles parlent de Pistil Baie qui est devenu un concept territorial à imaginaire extensible. Je chante “je suis le Nageur de Pistil Baie”. À l’origine, Pistil Baie c’est la baie dite des Sablettes, à La Seyne sur Mer; celle où les Deux Rochers n’en finissent pas de marcher sur la mer (on peut lire Pistil Baie et On a la Rade mais aussi réécouter Hôtel Lamy). Puis le paradigme Pistil Baie, dont vous pouvez découvrir la signification métaphorique dans le Lexico’Constroy, s’étend à la dénomination de la ville toute entière, selon le principe que l’endroit le plus beau, le plus aimé des habitants devient par métonymie, le nom même de la ville où il se trouve. La chanson qui affirme ce concept nous apprend aussi que ce sont les femmes des ouvriers des Chantiers Navals qui ont donné ce nom à la ville, à l’occasion du lancement du dernier bateau. Et ce dernier bateau construit, c’est la nouvelle ville. Et cette nouvelle ville est artistique, culturelle et citoyenne. (on peut lire et écouter Le Dernier Bateau ).
 
Le Grand Bleuté

Pour finir cette balade en chansons qui je l’espére, t’aura intéressé(e), je t’invite à suivre le chaloupé permanent de l’Homme nu sur les deux territoires qui fondent notre culture littorale; la Terre et la Mer. Voyez comme il les parcours en symétrie, en y marchant et en y ramant....(on peut lire et écouter un enregistrement du groupe Toutalégou avec la guitare de christian Jonquères Avance).

...Allez avance, vers la lumière et danse !





Tonton Dgé

Allez danse !

 

Le cap juste,
direction Les Deux Rochers


Aux rames Citoyens !

Ah oui, j’allais oublier de te dire qu’un beau jour ou peut être une nuit, je me suis lancé. Depuis j’ai l’image d’un aigle, mais pas noir, qui vole dans mon ciel. Je vole le plus souvent habillé de blanc, et de bleu, pourquoi ? Va savoir ! La réponse est évidente en regardant ces deux dernières photos.

(on peut lire et écouter un enregistrement du groupe Toutalégou avec la guitare de Christian Jonquères Envolé ).




............................................................................Allez vole !





Tu peux également faire connaissance avec le groupe mythique (Toutalégou), écouter quelques chansons inédites et commander des CD de collectionneur.





Apollonysios sorti des eaux
par Botticelli
   
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